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ENCADRÉ-Pourquoi les tensions ressurgissent entre la Serbie et le Kosovo
information fournie par Reuters 27/12/2022 à 15:46

PRISTINA, 27 décembre (Reuters) - Les Serbes de Mitrovica, une ville située dans le nord du Kosovo, ont érigé de nouvelles barricades mardi, alors que les tensions persistantes qui les opposent aux autorités kosovares ont incité la Serbie voisine à placer l'armée et la police en état d'alerte renforcée.

Il s'agit du dernier épisode en date d'un regain de tensions entre les deux pays qui tentent de normaliser leurs relations sous l'égide de l'Union européenne.

Voici quelques éléments sur le conflit qui oppose les deux pays des Balkans:

A L'ORIGINE DES TENSIONS

Le Kosovo a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, près de dix ans après la guerre de 1998-1999. Toutefois, Belgrade considère toujours le Kosovo comme faisant partie intégrante de son territoire et accuse Pristina de bafouer les droits de la minorité serbe présente dans l'ancienne province sécessionniste à majorité albanaise.

Cette minorité serbe, qui ne reconnaît pas le gouvernement de Pristina ni les institutions publiques kosovares, représente environ 5% de la population du Kosovo, qui s'élève à 1,8 million d'habitants. Les Albanais comptent pour environ 90% d'entre eux.

Les Serbes présents au Kosovo ont manifesté leur hostilité en refusant par exemple de payer l'opérateur électrique du Kosovo pour l'électricité qu'ils utilisent. Ils affrontent également régulièrement les forces de l'ordre.

POURQUOI UN REGAIN DE TENSIONS ?

Depuis le 10 décembre, les Serbes du nord du Kosovo ont mis en place de nombreuses barricades à Mitrovica et dans ses alentours, notamment pour réclamer la libération d'un ancien policier serbe accusé d'avoir agressé des policiers en service lors de précédentes manifestations.

Ces tensions interviennent après des mois de frictions entre les deux communautés liées à la volonté des autorités de Pristina d'exiger le retrait des plaques d'immatriculation serbes datant d'avant la guerre du Kosovo de 1998-1999.

Le Kosovo demande depuis des années à ce qu'environ 50.000 Serbes vivant dans le nord du pays changent leurs plaques d'immatriculation serbes par celles émises par Pristina, une façon pour le régime kosovar d'affirmer son autorité sur ce territoire.

Le 31 juillet, Pristina a annoncé un délai de deux mois pour l'échange des plaques, ce qui a déclenché des protestations, avant d'accepter de repousser la date de mise en œuvre à l'année prochaine.

Des centaines d'officiers de police, de juges, de procureurs et d'autres fonctionnaires ainsi que des maires de la minorité serbe ont démissionné début novembre en signe de protestation contre l'entrée en vigueur de cette obligation.

QUE VEULENT LES SERBES ?

Les Serbes du Kosovo veulent créer une communauté de municipalités à majorité serbe qui fonctionnerait avec une plus grande autonomie.

La Serbie et le Kosovo ont peu progressé sur cette question et d'autres depuis qu'ils se sont engagés en 2013 dans des négociations parrainées par l'Union européenne.

QUEL RÔLE JOUENT L'UE ET L'OTAN ?

L'Otan a déployé environ 3.700 hommes au Kosovo dans le cadre d'une mission de maintien de la paix (Kfor). L'Alliance transatlantique a indiqué qu'elle interviendrait si la stabilité de la région était mise en péril.

De son côté, l'Union européenne supervise depuis 2008 une mission civile baptisée EULEX Kosovo qui vise à promouvoir l'Etat de droit dans le pays. Cette mission comptabilise environ 200 officiers de police sur place.

Début décembre, le Kosovo a déposé officiellement une demande d'adhésion à l'UE lançant ainsi un processus qui pourrait prendre des années, voire des décennies, et qui dépend largement de la normalisation de ses relations avec la Serbie.

Le pays n'est pas membre des Nations unies et cinq États de l'UE - l'Espagne, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et Chypre - ont refusé de reconnaître son statut d'État.

(Reportage par Fatos Bytyci; Blandine Hénault pour la version française, édité par Sophie Louet)

2 commentaires

  • 27 décembre 17:53

    Le problème des Balkans est d'abord un problème religieux qui a été étouffé par la chape de plomb du communisme pendant 70 ans. Le Kosovo, c'est la pointe la plus avancée de l'empire Ottoman et ça remonte au XV° siècle. C'est là que l'islam et la chrétienté se sont percuté. 500 ans plus tard, le problème est toujours le même. Ce sera pareil en Arménie, et peut-être un jour ailleurs.


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